Saviezvous que le monde est en danger ? ~2000 arbres des forêts tropicales humides sont abattus par minute dans le monde. ~un trajet Paris - Marseille pour une seule personne en voiture, c'est 178 kg de CO2, 97 kg en avion, et seulement 3 kg en train. Chacun de nous est un essai de la nature dont le but est l'homme. (Hermann Hesse). Boncomme certains le savent mon PC est entre la vie et la mort et j'ai pas envie de le faire survivre, si c'est pour avoir un truc boiteux incapable de communiquer! Je dis NON! Donc je vais quitter pour toujours AMD et surtout ATI parceque je commence à en avoir marre! Donc je vais commencer par prendre du nForce 5 avec un core 2 duo, normal quoi! B76G. - dictées - littérature - listes - liens recommandés -> retour Littérature germanophone <-Autre littérature Littérature japonaise retour page d'accueil FRISCH Max 15/05/1911 - 04/04/1991 Max Frisch est un des auteurs suisses allemands majeurs de l'après-guerre. "Dans son œuvre, Frisch a particulièrement prêté attention aux problématiques d'identité personnelle, de morale et d'engagement politique. L'ironie est une caractéristique significative de ses publications d'après guerre. Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles » est une célèbre phrase de cet écrivain." wikipedia Correspondant pour le journal Neue Zürcher Zeitung., il voyage en Europe. Puis, il devient architecte. En 1942, il se marie une première fois il aura de ce mariage deux fils et une fille. Il fait la connaissance de Brecht et de Dürrenmatt en 1947. En 1951, il passe un an aux Etats-Unis. En 1954, il quitte sa famille. Entre 1958 et 1963, il entretient une liaison avec Ingeborg Bachmann ; puis il se marie avec une jeunette une étudiante de 23 ans ; ensuite, il rencontre une autre femme. Il décède d'un cancer. Merci wikipedia. - La Guerre était finie Als der Krieg zu Ender war. 125 pages Editions de l'Aire. Traduit de l'allemand par Pierre Sabatier. "" Le premier tableau se déroule dans une buanderie au sous-sol d'une maison. On voit Agnès, assise. Gitta est debout. "" "" pages 7-8. Agnès voit une silhouette c'est son mari, Host Anders, qui revient se cacher dans la buanderie. Gitta, elle, attend toujours son mari. Reviendra-t-il ? Le mélange du présent de Gitta et du passé d'Agnès, qui a expliqué comment Horst est revenu, fait un effet très curieux. A l'étage, on entend de la balalaïka ce sont les Russes qui sont là. Savent-ils que des Allemands se cachent en bas ? "" On frappe à la porte. Tous se cachent, sauf Agnès, qui ouvre. C'est Jehuda, un Juif qui est chargé par les Russes de trouver des bouteilles. Les Russes vont vite savoir que des Allemands se cachent en bas "" page 27 Un texte pas inintéressant, que l'on lit sans ennui - mais qui n'est pas vraiment marquant non plus - sur l'occupation russe et américaine, et le passé que l'on ne peut oublier de ceux qui ont fait la guerre, et parfois pire. Ce n'est sans doute pas l'oeuvre idéale pour aborder l'oeuvre de Max Frisch. - Retour à la page Littérature germanophone - Guy Thomas et Jean Ferrat Le bruit des bottes C'est partout le bruit des bottes C'est partout l'ordre en kaki En Espagne on vous garotte On vous étripe au Chili On a beau me dire qu'en France On peut dormir à l'abri Des Pinochet en puissance Travaillent aussi du képi Quand un Pinochet rapplique C'est toujours en général Pour sauver la République Pour sauver l'Ordre moral On sait comment ils opèrent Pour transformer les esprits Les citoyens bien pépères En citoyens vert-de-gris A coup d'interrogatoires De carotte et de bâton De plongeon dans la baignoire De gégène et de tison Il se peut qu'on vous disloque Ou qu'on vous passe à tabac Qu'on vous suicide en lousdoc Au fond d'un commissariat Il y a pire que le bruit des bottes ! Le silence des pantoufles Il se peut qu'on me fusille Pour avoir donné du feu Pour avoir joué aux billes Avec un petit hébreu On va t'écraser punaise Pour avoir donné du pain Pour avoir donné du pèze Au petit nord-africain Il se pourrait qu'on m'accuse Avec un petit gourdin D'avoir étudié Marcuse D'avoir été sartrien Ils auront des électrodes Ils diront tu veux du jus Pour connaître la période Où j'étais au A moins qu'ils me ratatinent Pour mon immoralité Pour avoir baisé Delphine Pour avoir été pédé A moins qu'ils ne me condamnent A mourir écartelé Entre l'amour de Roxane Et celui du beau Dédé Il se peut qu'on me douillette Pour que je veuille attester Qu'en mil neuf cent soixante-sept Je lisais l'Humanité Il se peut qu'on me tourmente Et qu'on me fasse avouer Que dans les années soixante J'étais à la A moins qu'ils me guillotinent Pour avoir osé chanter Les marins du Potemkine Et les camps de déportés A moins qu'avec un hachoir Ils me coupent les dix doigts Pour m'apprendre la guitare Comme ils ont fait à Jara C'est partout le bruit des bottes C'est partout l'ordre en kaki En Espagne on vous garotte On vous étripe au Chili Il ne faut plus dire qu'en France On peut dormir à l'abri Des Pinochet en puissance Travaillent aussi du képi Travaillent aussi du képi Caroleone Ils étaient des opposants, ils sont devenus des traîtres. Dans l’emballement nationaliste qui a saisi la Russie depuis l’éclatement de la crise en Ukraine, il y a encore moins de place aujourd’hui pour ceux qui contestent Vladimir Poutine. Les services de sécurité ne tolèrent aucune protestation, la censure frappe plus durement encore les rares journalistes dissonants. Et une large partie de la population se tait, acquiesce ou applaudit. Le nationalisme est le recours habituel des régimes contestés. Il permet de retrouver une légitimité, de resserrer les rangs et, surtout, de disqualifier les opposants. En annexant la Crimée, Vladimir Poutine a suivi les traces des généraux argentins qui, le 2 avril 1982, lancèrent leurs troupes à la reconquête des îles Malouines occupées » par la Grande Bretagne. Ce jour-là, à Buenos Aires, les militants des droits de l’homme qui avaient dénoncé la dictature se retrouvèrent vilipendés pour leur manque d’enthousiasme patriotique. Ce jour-là aussi, certains opposants, emportés par un chauvinisme pavlovien, se mirent à applaudir les soudards qui les avaient pourchassés et torturés. Vladimir Poutine a beau jeu. La crise ukrainienne exploite la névrose obsidionale » qui sous-tend une bonne partie de sa stratégie de reconquête et de restauration. Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, après le chaos et les humiliations de l’ère Eltsine, le président russe a systématiquement présenté la Russie comme une nation menacée par des ennemis extérieurs, relayés par des ennemis intérieurs, déterminés à la vassaliser. Alors que la Russie s’est apparemment occidentalisée, Poutine n’a eu de cesse de critiquer l’Occident. Et en premier lieu, cette Amérique arrogante et impériale, dominatrice et sûre d’elle-même », qui, après l’implosion de l’Union soviétique, était venue narguer la Russie » jusqu’à vouloir lui imposer son modèle économique et son mode de gouvernement. Il y a une part de vérité dans les accusations de Poutine, constate Masha Lipman dans le New Yorker. Il n’est pas rare d’entendre, même chez d’anciens diplomates américains, que l’expansion de l’OTAN vers l’Est, en dépit des protestations véhémentes de Moscou, a sans doute été imprudente et à courte vue. Poutine semble affirmer son droit d’agir de la même façon, de faire ce qu’il lui plait, de légitimer une agression, d’agir sans le feu vert de l’ONU ». La verticale du pouvoir Il a toujours fallu beaucoup de courage pour oser contredire l’homme fort du Kremlin. Lors de ses deux premiers mandats, Vladimir Poutine a construit une verticale du pouvoir », qui est à l’image du monde dont il est issu celui des services secrets, de ce FSB héritier de l’ancien KGB et dont les agents quadrillent la société et peuplent les instances dirigeantes du pays. Après l’interlude de la présidence Medvedev, marquée par une relative ouverture, la marque poutinienne s’est encore accentuée. Comme lors de la Guerre froide, les opposants sont redevenus des dissidents, accusés de faire le jeu de l’Occident. Le durcissement s’est renforcé dans la perspective des Jeux olympiques de Sochi. La presse indépendante, déjà très marginale, a été fermement reprise en main. L’agence de presse officielle Ria Novosti, qui avait tenté de préserver des marges de liberté, a été dissoute pour être remplacée par un organe de propagande placé sous l’autorité directe d’un homme lige du Kremlin. La chaîne de télévision Dozhd, ultime scintillement libertaire, a été grossièrement éliminée du câble. Ces dernières semaines, comme le notent Human Rights Watch et le Comité de protection des journalistes, la répression s’est emballée des sites Internet, dont celui du champion d’échecs Gary Kasparov, ont été fermés. La rédactrice en chef de a été licenciée. La corde placée autour de la radio Echo de Moscou, dernier refuge des libéraux », a été resserrée. Tous les médias contrôlés par le Kremlin, dont RT, la chaîne internationale russe, ont diffusé le même message la Russie est attaquée par une coalition d’impérialistes et de fascistes et ceux qui s’opposent à cette vision ne sont que des félons ». Des listes de traîtres » ont commencé à circuler sur Internet. Dans pareil climat de suspicion, les opposants ont moins d’espace que des coquelicots piégés entre des coulées de béton. Certains d’entre eux, notait l’écrivain russe Andrei Ostalski sur le site de la BBC, ont malgré tout osé protester. Quelques centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Moscou. Une poignée d’écrivains ont publié une lettre dénonçant le bellicisme » du Kremlin. Andrei Zubov, professeur au prestigieux Institut des relations internationales de Moscou, s’est risqué à comparer l’annexion de la Crimée à l’Anschluss, le rapt de l’Autriche par Hitler en 1938. L’auteur à succès Boris Akunin a joué les Cassandre et prédit une catastrophe pour la Russie. Quelques journalistes ont élevé la voix Konstantin Remchukov, rédacteur en chef de l’influente Nezavisimaya Gazeta, a qualifié d’ illégal » le référendum en Crimée. “Une goutte d’eau” Tous ces individus ne sont cependant qu’ une goutte d’eau dans un pays de 140 millions d’habitants », constatait Leonid Bershidsky. Leurs cris se perdent au milieu d’une population largement poutinisée, qui s’était déjà montrée indifférente aux brutales aventures russes en Tchétchénie et qui appuie aujourd’hui massivement leur guide. Notre société vit servilement et pense servilement », confiait la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006, à sa traductrice française Galia Ackerman. Poutine n’est pas Hitler, certes, mais face à cet appui massif de l’opinion russe, il est difficile de ne pas se rappeler la réflexion désabusée du grand écrivain suisse alémanique Max Frisch 1 Il y a pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles », écrivit-il. Poutine n’est pas Hitler, mais il est difficile de ne pas reconnaître dans le sort des dissidents russes le drame des démocrates allemands qui s’opposèrent à l’expansionnisme nazi. A l’exemple de Klaus Mann qui, en 1935, au moment du référendum sur le rattachement de la Sarre au Troisième Reich, demanda aux Sarrois de voter contre. La Sarre est une terre allemande, mais en infligeant à Hitler un revers décisif, vous rendriez le plus grand des services à votre patrie et au monde, plaida-t-il. Nous aimons tous l’Allemagne, ce pays que vous rejoindrez quand il sera redevenu lui-même. Soyez de bons Allemands. Battez Hitler ! ». Ceux qui aujourd’hui osent sortir des rangs pour protester contre l’autoritarisme et l’impérialisme de Poutine ne sont pas des traîtres. Ils le font par amour pour leur pays. Parce qu’ils pensent, comme l’avait écrit Vassili Grossman, que la liberté nationale russe ne peut régner que sous une forme la liberté humaine ». Parce qu’ils refusent, comme l’avait refusé Anna Politkovskaïa, de n’être que de la poussière sous les bottes de l’Etat ». Leur pays, un jour, leur sera reconnaissant d’avoir élevé la voix pour défendre une certaine idée » ouverte, éclairée, apaisée de la Russie. Loin de Vladimir Poutine, de son messianisme nationaliste, de ses obsessions autoritaires et de ses vieux rêves d’un passé mythifié. 1 Correction une première version de cet article attribuait cette phrase au pasteur Niemöller, une citation qui circule assez largement sur Internet. Un lecteur m’a aimablement signalé que son auteur est en fait l’écrivain suisse de langue allemande Max Frisch 1911-1991. Bibliographie Klaus Mann, Contre la Barbarie 1925-1948, Phebus/Essais Points, 2009. Galia Ackerman Ed., Hommage à Anna Politkovskaïa, Buchet Chastel, 2007. Vassili Grossman, La paix soit avec vous notes de voyage en Arménie, L’Age d’Homme, 2007. Andreï Soldatov et Irina Borogan, Les Héritiers du KGB, François Bourin Editeur, 2011. Jean-Paul Marthoz est représentant en Europe du Committee to Protect Journalists et vice-président du conseil de la division Europe/Asie centrale de Human Rights Watch. Photo. Aujourd’hui, l’Etat de droit est mort. Ou peut-être hier je ne sais pas. J’ai reçu une notification sur mon portable Vote à l’Assemblée Nationale. 415 voix pour, 127 contre. Le projet de loi sécurité est adoptée ». Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. Beaucoup auront sans doute reconnu dans ces quelques mots introductifs un rappel de l’incipit de L’Etranger d’Albert Camus. Si j’ai souhaité débuter ce billet grave par une telle analogie c’est bien parce que je me sens complètement étranger à cette société de la suspicion qu’ils sont en train de construire, cette société où chacun surveille autrui, cette société où il y aura demain une présomption de culpabilité de philosophe franco-algérien met en scène, dans son roman, la thèse philosophique qu’il porte dans son essai sur l’absurde, Le Mythe de Sisyphe. Dans ledit essai, il affirme que la seule question philosophique vraiment sérieuse est celle du suicide. Il me semble qu’il est possible de paraphraser les dires de l’intellectuel et d’affirmer que dans un système qui se prétend être un Etat de droit il n’y a qu’une question véritablement sérieuse, celle des libertés publiques. Qu’est l’Etat de droit sinon un régime qui protège tous ses résidents de l’arbitraire étatique ? Un Etat où les pouvoirs sont clairement séparés et non inféodés les uns aux autres ainsi que l’expliquait déjà Montesquieu en son temps ? En regard de cette définition, il ne me parait malheureusement pas exagéré de dire que depuis mardi 3 octobre 2017 et le vote de ce projet de loi monstrueux, la France est sortie de l’Etat de législateurs criminelsMardi lors du vote, il flottait comme un air de 1940 au-dessus du Palais Bourbon. Les 127 députés qui ont voté contre ce projet de loi qui dénature totalement notre régime en faisant de l’état d’exception la norme ressemblaient furieusement à ces 80 parlementaires qui ont refusé de donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il ne s’agit bien évidemment pas de dire que nous sommes dans la même situation qu’en cette sombre époque ni même de jouer les Cassandre mais simplement de remarquer que, de la même manière que les 80 parlementaires représentaient en 1940 l’honneur d’une République souhaitant rester debout devant l’occupant nazi, les 127 députés ayant voté contre le projet de loi sécuritaire et liberticide, désormais adopté, sont la figure martyrisée d’une République qui ne veut pas se travestir au prétexte d’une lutte qui n’est pas la de ces considérations, les 415 députés ayant voté pour l’adoption de ce projet de loi sont à mes yeux des criminels. Criminels à l’égard de l’avenir, criminels à l’égard de tous ceux qui vont subir injustement les foudres d’un système disciplinaire et liberticide étant désormais la norme mais surtout criminels envers nos droits et donc leurs propres droits, les députés qui ont voté favorablement en laissant leur dignité et leur décence enfouies bien plus profondément que ne l’est la fosse des Mariannes sont l’autre face de la bête immonde qui frappe le monde et fauche des vies. Djihadistes et hauts fonctionnaires / Sont les deux faces d’une même pièce » rappe Médine dans Allumettes. Il faudrait y ajouter ces députés qui parient et jouent sur les peurs et les plus viles passions de l’être humain. L’Histoire jugera leurs actes et j’ose espérer qu’elle le fera sévèrement, tant leur inconscience ou leur cynisme va avoir des conséquences court-termisme mortifèreQue guide, en effet, le vote de cette loi sinon le court-termisme le plus absolu ? C’est effectivement pour de sombres raisons politiciennes que la gangrène a été enfoncée plus profondément dans notre système. Monsieur Macron avait promis de sortir de l’état d’urgence et en intégrant toutes les mesures ou presque de l’état d’exception dans la loi, il va pouvoir se targuer d’avoir tenu sa promesse de sortir de l’état d’urgence. A ceci près que ce sera une sortie pour mieux y entrer de manière perpétuelle puisque l’état d’urgence est appelé à devenir obsolète dans la mesure où le droit classique contiendra les principales mesures perquisition administrative, interdiction de déplacement, assignation à résidence arbitraires de l’état d’urgence. Parce que c’est bien cela qui s’est joué en ce triste 3 octobre 2017, la fin de l’Etat de droit, le crépuscule d’une société non-arbitraire, l’attentat le plus grand contre les libertés. Désormais, au prétexte de motifs aussi flous qu’évanescents, l’Etat pourra décider de persécuter et d’harceler des terroristes potentiels dont la définition pourra allègrement être modifiée selon les circonstances ou le pouvoir en se rappelle que l’état d’urgence avait été utilisé pour réprimer des contestations sociales ou écologistes. Rien ne nous dit que ce nouvel arsenal législatif liberticide ne sera pas utilisé à nouveau contre les opposants politiques et contre la rue ainsi que la caste appelle dédaigneusement les mobilisations sociales du haut de sa démophobie patente. Nombreux sont pourtant ceux à accepter ce totalitarisme doux qui s’annonce au prétexte qu’ils n’auraient rien à se reprocher. Les mêmes expliquent que si l’on n’a rien à se reprocher l’on n’a rien à craindre de ces lois liberticides mais défendre les libertés des gens qui nous ressemblent ça n’est pas défendre la liberté, simplement ses petits intérêts. Au-delà de ça, l’état d’urgence a montré à quel point ces pratiques se passant de l’autorisation judiciaire étaient bien plus présentes pour persécuter qu’autre chose. Sur les près de 6000 perquisitions administratives qu’il faudra désormais appeler visites domiciliaires », une pratique que n’aurait pas renié le novlangue orwellien, seulement 20 personnes ont été mises en examen pour un lien quelconque avec le terrorisme. 99,7% des perquisitions administratives étaient donc abusives et ont sans doute créé ou renforcé une défiance à l’égard de l’Etat. Parce que c’est là l’un des points les plus dramatiques de cette frénésie sécuritaire elle ne fait que renforcer la défiance voire la haine que certains peuvent avoir envers l’Etat et elle peut même créer cette défiance chez des personnes qui étaient à mille lieues d’un tel ressentiment. Même d’un point de vue pratique, ces mesures sont absurdes. La gangrène injectéeAu cours de la campagne présidentielle – et encore plus lors de l’entre-deux tours – les injonctions à ne pas laisser le pouvoir à Madame Le Pen et in fine au Front National ont été légion. L’un des principaux arguments matraqués comme une antienne a sans doute été de dire qu’au vu de nos institutions et de l’état d’urgence, l’arrivée du parti d’extrême-droite aurait vite fait de transformer la France en régime autoritaire. Il est assez délicieux de constater le cynisme de tous ces antifascistes d’opérettes qui s’offusquent tous les cinq ans au moment de l’élection puis retournent œuvrer pour construire la parfaite petite boite à outil du dirigeant fasciste le reste du temps. Il est, en effet, ironique de voir ces antifascistes d’un mois être épouvanté de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite et de ce qu’elle pourrait faire avec les outils à sa disposition sans jamais remettre en question lesdits outils et même pire en les utilisant allègrement pour mater les opposants qu’ils soient politiques ou membre de la mobilisation postulat de base est sans doute de croire que lesdits outils sont axiologiquement neutres, qu’ils ne sont pas porteurs en eux-mêmes d’une vision de la société – il est d’ailleurs assez intéressant de constater que les mêmes ont une manière identique de voir les outils du néolibéralisme et le New Public Management notamment. Il va sans dire que je suis farouchement opposée à cette vision des choses. Je crois, en effet, que, tout comme le chemin est aussi sinon plus important que le point d’arrivée, les outils utilisés sont aussi sinon plus importants que la politique que l’on entend mener. Aussi ces mesures liberticides sont-elles, à mes yeux, pareilles à une gangrène qu’on enfonce toujours un peu plus profondément. L’Histoire même de l’état d’urgence nous l’a appris. Né en 1955 en pleine guerre d’Algérie, il a accouché d’une République tortionnaire où les pouvoirs spéciaux avaient été votés. 72 ans plus tard, loin d’avoir pris sa retraite, voilà l’état d’urgence qui aboutit à la construction d’un système monstrueux qui remet en cause comme jamais l’Etat de droit dans notre pays. Un jour ou l’autre, si rien n’est fait pour aller contre cette bête immonde que nous nourrissons, ce système tombera dans des mains qui feront ressurgir le fascisme dans sa version la plus dure. Celui-ci en effet, comme l’explique très poétiquement Camus dans La Peste, n’est jamais vaincu et son bacille peut se réveiller bien des décennies après que l’on croyait l’avoir silence terrifiantPar-delà l’inconscience et le caractère totalement cynique du comportement des députés ayant voté pour ce projet de loi, il est un état de fait que je trouve particulièrement effrayant le silence presque total qui accompagne cet enterrement de l’Etat de droit. Les grands médias, supposés être les chiens de garde de la démocratie et de l’Etat de droit, sont bien silencieux sur ce qu’il se passe actuellement alors même que c’est une véritable catastrophe au sens grec du terme le renversement auquel nous sommes en train d’assister. Nous basculons de l’Etat de droit, certes déjà fortement amoché, à un totalitarisme mou et personne ne trouve rien à redire. C’est sans doute cela le plus effrayant et comme le disait si bien Benjamin Franklin, un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux ». Bien plus que le bruit des bottes qui se fait entendre c’est le silence des pantoufles qui est à la fois glaçant et serait facile de concentrer ses critiques sur les médias qui ne joueraient pas le rôle qui est censé leur être dévolu. Toutefois, adopter une telle position serait à la fois facile et partial. Le silence des pantoufles ça n’est pas seulement le silence des médias mais aussi notre silence à nous tous autant que nous sommes. Pourquoi sommes-nous des centaines de milliers dans la rue pour protester contre la casse sociale et ne manifestons-nous pas pour protéger nos libertés publiques ? La question sociale serait-elle plus importante que celle des libertés publiques ? Je crois au contraire que sans libertés publiques il n’y aura plus de moyens de lutter pour de meilleures conditions sociales. Sans doute cette indifférence à cette question – aussi scandaleuse que l’indifférence au sort des migrants – est-elle liée aux termes théoriques associés au débat. Comme l’explique très bien Fréderic Lordon dans Les Affects de la politique, pour qu’un argument pénètre et infuse les masses politiques, il faut rendre le problème concret aux yeux des citoyens. En prenant l’exemple de la surveillance généralisée aux Etats-Unis, le sociologue et économiste montre bien cette dynamique aussi longtemps que l’on parle de manière abstraite de surveillance globale le sujet n’intéresse pas mais dès lors que l’on explique par exemple que l’état pourrait voir vos parties intimes alors les oreilles s’ouvrent et la révolte naît. Voilà quel est l’enjeu afin de pouvoir s’époumoner comme l’écrivait Camus dans L’Homme révolté, je me révolte donc nous sommes ». Il est grand temps de transformer ces idées en force en suivant le précepte de Marx une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses ».Nous le voyons donc, c’est un véritable monstre sécuritaire et liberticide qui vient d’être libéré. D’aucuns expliqueront que l’attentat de Marseille montre que de telles mesures sont nécessaires. Je crois au contraire que rendre hommage à toutes les victimes du terrorisme est précisément de ne pas renier nos valeurs ou notre Etat de droit. A tous ceux qui répètent telle une litanie l’argument du si on n’a rien à se reprocher on n’a rien à craindre », j’aimerais rappeler les mots du pasteur Martin Niemöller Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. / Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. / Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. / Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». Puissent ces phrases résonner dans leurs têtes creuses. Dans cette longue nuit qui s’annonce, nous devons nous atteler, je crois, à tenter de rallumer les étoilesSource Tout ça pour ça » Patrick Dupriez fait avec nous le bilan d’une année politique mouvementée. Crise de la gouvernance, changement de majorité en Wallonie, sortie du nucléaire… nous sommes revenus sur les grand thèmes qui ont marqué 2017. Avec de l’actualité chaude aussi, notamment la gestion de la politique migratoire par Theo Francken que le coprésident d’Ecolo qualifie d’indécente et inefficace ». Le pire pour lui? Ceux qui ne réagissent pas le MR d’abord, et la masse silencieuse qui s’en Dupriez, si vous deviez définir cette année politique en une expression?Si je dois choisir une expression, je dirais tout ça pour ça ». C’était une année très agitée politiquement, au niveau belge francophone, comme au niveau international. Mais dans beaucoup de cas, on peut s’interroger sur ce qui a résulté de cette agitation. Beaucoup d’énergie politique, beaucoup de débats, beaucoup de tension voire de combats entre acteurs politiques. Et finalement pour quel résultat par rapport à la qualité de vie des hommes et des femmes de ce pays, par rapport à l’avenir des politiques internationales, aux grands enjeux qu’on a à relever ensemble? Le bilan ne me paraît pas spécialement réjouissant même si un peu partout sur le terrain, il y a des choses positives qui de guéguerres politiciennes?Énormément. On l’a vu, singulièrement en Wallonie et à Bruxelles, avec cette crise de l’été où les gouvernements tombent ou ne tombent pas suite à de grandes discussions, sans qu’on ne sache très bien sur base de quel enjeu la crise a été déclenchée. Et puis il y a un nouveau gouvernement qui s’installe en Wallonie, mais en fait, on peine vraiment à voir quelle est la différence fondamentale entre les politiques qui sont menées aujourd’hui par rapport à celles qui étaient menées les affaires Publifin et du Samusocial au-delà des fautes personnelles, n’est-ce pas la remise en cause de tout un système?On ne peut pas considérer que ces affaires soient simplement le résultat de fautes personnelles de l’un ou l’autre individu. Bien sûr qu’il y a des gens qui se comportent de façon inadmissible, qui font des erreurs, qui parfois commettent des délits totalement inacceptables. Mais si cela a été rendu possible dans les deux cas, c’est parce qu’il y avait un système. Et ce système, ce n’est même pas qu’il dysfonctionne, c’est justement qu’il fonctionne comme ça. Il fonctionne par un système de répartition du pouvoir où on achète un peu le silence des uns en donnant des rétributions, des avantages qui sont totalement excessifs. Et cette façon d’exercer le pouvoir est un problème parce qu’elle détourne l’ensemble des institutions de l’intérêt Publifin, c’était évident. Quelques personnes avaient un pouvoir absolu pour créer des sociétés, toute une nébuleuse dans l’opacité, et finalement, il n’y a plus de contrôle. Et donc au-delà de ce que chacun fait ou ne fait pas, il y a vraiment un enjeu démocratique qui est en vue des élections qui arrivent…Partout où on se trouve dans les institutions publiques, dans le fonctionnement de la démocratie, il faut des contre-pouvoirs. Il y a des gens qui ont des responsabilités, qui les exercent plus ou moins bien, mais il faut à chaque fois qu’il y ait ce qu’on appelle une opposition, des gens qui sont prêts à mettre le doigt là où ça fait mal, pas parce qu’il faut toujours être négatifs, mais parce que ce contrôle est important pour éviter les dérives ou le fonctionnement d’un système comme celui de Publifin ou du pour l’heure, c’est toute la classe politique qui est pointée du doigt, comment sortir de cette impasse?Ça accroît la méfiance des citoyens à l’égard de la politique, c’est clair, mais aussi la défiance. On entend de plus en plus de citoyens qui ne croient plus que l’action politique peut changer les choses. C’est très inquiétant. Alors pas pour nous, même si c’est parfois désagréable pour celles et ceux qui s’engagent avec générosité, avec un idéal, etc. Mais c’est surtout inquiétant pour la démocratie. Car si nous ne croyons plus, et j’y inclus les citoyens, que l’on puisse changer les choses, que l’on puisse améliorer les choses en s’engageant, en exerçant des responsabilités dans tel ou tel espace, un conseil communal, un parlement, un conseil d’administration, si on n’y croit plus, comment est-ce qu’on fait?Bien sûr, chacun peut agir individuellement, mais il y a aussi des défis qu’on doit relever ensemble. Et pour qu’on puisse le faire, il faut de la confiance. Et donc des scandales comme les affaires Publifin et le Samusocial, c’est à la fois bien et sain au sens où on va modifier les choses, parce qu’on a révélé des dysfonctionnements majeurs, mais c’est aussi désastreux par rapport à la confiance que nous pouvons avoir vis-à-vis du monde politique de manière une responsabilité particulière pour le Parti socialiste?Oui, mais pas exclusive. Oui parce que le Parti socialiste est dominant en Wallonie, à Bruxelles aussi, et depuis longtemps. Et donc, je répète, si on veut éviter des dérives et des scandales, il faut un contre-pouvoir. Quand on a un parti extrêmement dominant, il se comporte en dominant, il se comporte en plaçant ses gens, en attribuant des fonctions, des mandats, parfois aussi des emplois pour des raisons qui sont aristocratiques, politicienne et pas en fonction des compétences…… mais pour service renduPour service rendu, et ça, c’est le dysfonctionnement du système ou plutôt c’est le fonctionnement du système qui aboutit à du pire. Le Parti socialiste est le champion de cette manière de fonctionner dans notre région Wallonie, ndlr. Mais il est le champion d’abord parce qu’il est le plus fort. Parce que quand on regarde le MR et le cdH, les deux autres partis traditionnels, ils ne se comportent pas vraiment différemment. Ils ont simplement un peu moins l’occasion d’occuper l’espace politique. Et donc c’est vraiment cette manière de faire de la politique, cette manière d’exercer le pouvoir qu’il faut deux affaires ont mené à un changement de majorité en Wallonie, pourquoi Ecolo a décidé de ne pas y aller?Vous dites que les deux affaires ont mené à un changement de majorité. Est-ce que c’est vraiment ça? Bon, à un moment, le cdH a dit on veut changer’. Je crois plutôt que c’est un enjeu du cdH lui-même qui a fait qu’il y ait eu du changement. Le cdH est un parti vieillissant, un parti qui peine aujourd’hui à voir quel est son avenir et qui s’est dit Il faut qu’on change quelque chose pour sauver notre peau’. Parce qu’au final, dans l’affaire Publifin par exemple, le cdH est aussi impliqué que le PS. Alors moi, je n’ai pas envie de dire tous pourris’ ou quoi que ce soit du genre, mais en tout cas, je ne suis pas convaincu que ce qui s’est passé, ce changement de gouvernement, ça soit la réponse au scandale Publifin. Mais donc on nous a dit il y a tellement de scandales que l’on doit changer la manière de faire de la politique, changer la gouvernance, remettre de l’étique… Nous sommes prêts évidement et on le fait sans arrêt. Alors on a commencé à négocier en disant ok, à un an des prochaines élections, avec un pouvoir limité – puisqu’Ecolo aujourd’hui c’est seulement quatre députés au Parlement de Wallonie, il faut se rendre compte de ça – on a dit C’est pas grave, on veut bien continuer, mais nous n’entrerons dans un gouvernement que si, vraiment, il y a un accord fort pour dire on change les pratiques politiques, on refonde la démocratie pour créer plus de confiance et plus d’efficacité’. Au final, nous n’avons pas obtenu ce changement de système auquel nous aspirions et nous avons dit Écoutez, dans ces conditions-là, faites votre gouvernement maintenant, nous, on attendra les prochaines élections en espérant les gagner et avoir un meilleur rapport de force pour changer les choses’.Ce nouveau gouvernement ne jure que par la transparence pourtant, à tort?Il y a des avancées. Il faut les saluer. Dont par exemple le fait que le nouveau gouvernement ait annoncé que tous les subsides accordés, toutes les aides à l’emploi, seront transparents. C’est une bonne nouvelle …. Maintenant, ce qui fonde l’action politique d’un gouvernement, ce n’est pas seulement de régler le fonctionnement du moteur, mais c’est quel horizon. Où va-t-on? Il faut que la voiture fonctionne, mais il faut aussi définir la destination. Et là pour l’instant, transparence ou pas transparence, par rapport aux grands enjeux de notre région, c’est la continuité. On a de grands discours sur le changement climatique, mais pas de décisions qui nous permettent de penser que la Wallonie va dans une autre direction. On a de grands discours sur le redéploiement économique, mais en fait, on n’a pas l’impression qu’il y a quoi que ce soit qui ait changé par rapport à niveau fédéral, un grand dossier a marqué cette année c’est la gestion de la politique migratoire de Theo Francken. Comment la qualifieriez-vous?Alors je vais d’abord préciser par Theo Francken ET l’ensemble du gouvernement. Theo Francken est le champion de la petite phrase, il est très médiatisé pour son action, mais peut-être aussi pour sa communication qui a des effets délétères en termes d’image politique. Mais c’est l’ensemble du gouvernement qui endosse une politique que je qualifierais d’indécente et inefficace. Indécente parce qu’elle méprise la personne humaine. Quand on a ici, à Bruxelles, des hommes, des femmes et des enfants qui dorment dans la rue, dans un parc, en plein hiver, et que ce sont des citoyens qui s’occupent de les héberger, mais que le gouvernement dit Non, ils sont illégaux, donc on peut les laisser dans le froid ». Quand on a un gouvernement qui considère que la fermeture des frontières est la seule réponse aux flux migratoires, alors qu’on les laisse en fait aux mains des passeurs, des gens qui en font un business, de ceux qui gagnent du pognon en faisait courir des risques à ces personnes …, eh bien c’est un gouvernement qui, en plus de mépriser la personne humaine, met en place une politique inefficace …. Ça ne marche pas. Jamais ces politiques n’ont enrayé ces flux migratoires. Parce que les gens qui fuient les guerres, dont nous sommes parfois coresponsables, les gens qui fuient la sécheresse et les changements climatiques, dont nous sommes aussi coresponsables, ils cherchent un avenir meilleur et ils vont arriver. Ils vont de toute façon arriver, quels que soient les barbelés que l’on quelles sont les solutions alors?Il faut des politiques qui permettent aux gens de se déplacer dans de bonnes conditions, dans les deux sens, mais de façon organisée. Sinon ceux qui ont le pouvoir, ce sont les criminels. Mais comment éviter un nouveau Calais en Belgique? Un argument que Theo Francken utilise souvent…Comme souvent, il agite des slogans qui sont très peu étayés par les faits. Il parle des migrants. De façon générale. Sans se rappeler que ce sont d’abord des femmes, des enfants et des hommes, et que chacun d’entre eux est dans une situation différente. Alors oui, il y a un tas de gens qui veulent aller en Angleterre parce que c’est ce qu’on leur a vendu quand ils ont quitté leur pays. On leur a dit En Angleterre vous aurez une vie meilleure, allez-y », donc ils partent, mais ils ne savent rien de rien bien souvent. Ils ne savent pas comment ça se passe, ils ne connaissent pas leur droit. Donc la première chose à faire quand des gens arrivent ici, c’est de les informer. D’abord leur donner un toit, et puis de les informer voilà vos droits, voilà vos possibilités, voilà ce à quoi vous n’aurez jamais droit, ici ou pouvez-vous faire des choix quand vous avez traversé pendant des semaines des situations terribles, parfois en fuyant la guerre, la torture, etc. et que vous n’avez aucune information et que vous dormez dans un parc? Accueillons les gens convenablement, expliquons-leur, et après on verra. On voit que quand ce travail est fait, et des ONG le font, certains disent ok, je vais continuer mon rêve d’Angleterre’, d’autres demandent l’asile ici, et d’autres encore acceptent l’idée qu’en fait, il n’y a pas vraiment d’avenir ici et sont prêts à retourner chez eux. Mais pour ça, il faut accueillir pour ce qu’ils sont, et ce gouvernement ne le fait au sujet de Calais. La situation qu’on a aujourd’hui au parc Maximilien est un tout petit Calais. Mais c’est simplement parce que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités. Qui peut croire qu’un pays comme la Belgique, un pays riche, a un problème à accueillir dignement 200 à 300 personnes? C’est parce qu’il n’y a pas de structure d’accueil correcte que l’on se retrouve dans une situation pareille avec des gens qui campent dans un une plateforme citoyenne qui se substitue à l’État…En effet, là il y a des citoyens qui se substituent à l’État, ce qui est à la fois extraordinaire de générosité et de sens de la solidarité, et en même tant effrayant de se dire qu’un État comme la Belgique n’est pas capable d’exercer une de ses missions fondamentales et que ce sont des citoyens qui doivent suppléer un le recul, est-ce que la caricature de Theo Francken en uniforme nazi réalisée par Ecolo J était pertinente?Deux choses d’abord c’est toujours très délicat de faire des caricatures qui font référence à la Deuxième Guerre mondiale, c’est très chargé de plein de choses …. C’est très délicat pour des tas de personnes qui ont connu la guerre et qui peuvent se sentir mal en voyant cette caricature, en disant qu’on exagère, même temps, je pense qu’Ecolo J a raison. Il y a aujourd’hui une dérive dans le discours, et parfois dans l’action, de Theo Francken et d’autres, en Belgique et dans d’autres pays, qui chemine vers le fascisme. Je ne dis pas vers la Shoah, les massacres ou vers la guerre, mais vers le fascisme compris comme déni, comme indifférence à la personne humaine, dès qu’elle est considérée comme étrangère, migrante, musulmane. C’est extrêmement dangereux, car le fascisme, il n’arrive pas en un jour, paf, comme ça, d’un jour à l’autre. La guerre, elle n’arrive pas un jour, pouf, ça commence. C’est cette lente érosion des valeurs qui fait que, progressivement, on enlève aux gens leur humanité, et ça commence aujourd’hui avec ce qu’il se passe. Un jour on se réveille en se retournant en arrière et on se dit, comme ça a été le cas en 45, bon sang, comment avons-nous laissé faire ça?’. Il y a toujours cette phrase de Max Frisch Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ». Et donc à un moment donné, ce sont nos pantoufles bien à l’aise, qui regardent tout doucement les choses empirer. Donc voilà, Francken n’est par l’armée allemande de 40, mais son discours prépare ce type de pensée et ça, c’est très sur le gouvernement fédéral. Souvent, il se félicite de ses réformes économiques. Mais est-ce que les jeunes ne sont pas les oubliés dans cette histoire?Je trouve ça très inquiétant. On a un peu l’impression d’une génération sacrifiée. Alors, elle est sacrifiée d’abord parce qu’il y a une précarisation des jeunes le nombre d’étudiants inscrits au CPAS, le nombre de jeunes au CPAS sans emploi, parfois sans rien, parfois des jeunes qui avaient quitté leur famille pour revenir chez leurs parents vu les difficultés d’accès au marché du travail, c’est en soi extrêmement inquiétant et difficile à vivre pour de nombreux jeunes. Au-delà régression sociale, il y a aussi un vide de sens. Qui peut croire aujourd’hui que demain va être meilleur? Beaucoup de jeunes ont cette impression que demain sera pire qu’aujourd’hui, que l’on est confronté à de grands défis de justice sociale, mais aussi de justice environnementale, de problématiques de climat, de biodiversité, qui ne sont pas pris en compte. Et ces jeunes se rendent mieux compte que leurs aînés qu’il s’agit du défi de ce siècle. Comment va-t-on continuer à vivre correctement sur cette planète alors que ce défi n’est pas pris en compte par la politique? Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui vont payer les pots cassés d’ aujourd’hui, le message qui est donné aux jeunes, c’est souvent attendez de voir, débrouillez-vous’ et puis vous allez devoir subir le reste. C’est désastreux parce que c’est tout le contraire qu’il faudrait faire. Ce monde, le monde du XXIe siècle, c’est vous, les jeunes, qui allez devoir l’inventer, avec vos valeurs, votre culture, avec votre créativité, avec un potentiel qui est là. Et donc, déployez-les! Il y a des choses concrètes à mettre en place par rapport à ça et si je dois en retenir une qui fait le lien entre les politiques sociales et les jeunes, et que nous avons déposé cette année-ci, c’est l’idée qu’il faut permettre aux jeunes d’essayer. Aujourd’hui, c’est dur de trouver un boulot. Et si on en trouve un, on s’y accroche, parce que si on le quitte on a droit à rien. Nous pensons qu’un jeune qui a un boulot, si à un moment donné ça ne va pas, qu’il ne trouve pas de sens, que les conditions sont mauvaises ou simplement qu’il a envie de faire autre chose, eh bien il doit avoir la possibilité de dire j’arrête’, tout en conservant son droit au chômage. Il sera remplacé par quelqu’un d’autre, donc ça ne coûtera pas plus cher à la société, mais il va pouvoir rebondir et faire autre les questions environnementales, tout le monde semble reprendre les idées d’Ecolo à son compte. Est-ce que le parti Ecolo a encore un sens finalement?Plus que jamais. Alors il y a un côté positif de voir qu’aujourd’hui, dans tous les partis, et plus largement dans la société, il y a enfin une vraie prise de conscience de l’enjeu écologique et du fait que les grandes questions politiques de ce siècle seront de toute manière liées à l’écologie, au lien entre les activités humaines et la planète et la nature. Donc c’est bien que la prise de conscience progresse. C’est vrai que l »on voit aussi tous les partis mettre une petite gommette verte, on rebaptise le socialisme écosocialisme, très bien. On a un ministre libéral qui dit je suis environnementaliste’, très bien. On a le cdH dont on a l’impression que le programme politique est un copié-collé du nôtre, fort bien. Mais on parlait au début de l’interview de confiance des citoyens à l’égard des politiques. Tout ça fait pire que mieux si toutes les intentions ne sont pas suivies d’actes. Or aujourd’hui, on reste profondément dans l’incohérence. Il y a de grands discours sur le changement climatique, et puis la réalité, c’est qu’il y a moins d’argent pour les trains, moins d’argent pour les bus, qu’on subventionne les embouteillages, qu’on est prêt en Wallonie à investir sur de nouveaux tronçons autoroutiers. Eh les gars, il y a un problème de cohérence! L’environnement ce n’est pas seulement discourir et mettre des étiquettes. C’est à un moment agir et oser faire des choix qui ne sont pas toujours faciles parce qu’on va devoir changer notre société en profondeur. Ça veut dire qu’on ne va pas traiter l’environnement à côté, mais que l’on doit intégrer la question écologique dans toutes les politiques, avec bien en tête l’idée que le monde dans 20 ans, celui des jeunes, sera très différent de celui d’aujourd’hui. Donc ajouter un chapitre environnement’ a un programme politique, ça ne changera rien. Il est temps de passer du discours aux un dossier brûlant en fin d’année, celui de la sortie du nucléaire d’ici 2025…Ce qui est certain, c’est que plus on attend, plus c’est difficile. On voit que la Belgique a voté une loi de la sortie du nucléaire en 2003. On est en 2017. Depuis 2003, on a attendu, on a hésité, on est revenu en arrière, on a dit oui peut-être qu’on va le faire, peut-être qu’on va prolonger les centrales’. Mais en fait, si on ne prend pas de décision claire, les investisseurs alternatifs, ceux qui sont prêts à investir dans les énergies renouvelables, ils attendent. Puisque le signal politique n’est pas assez il faut décider vite pour que ça soit possible. Et c’est possible, ça on le sait que c’est possible. Elia, qui est la société qui gère le réseau électrique belge, a sorti tout récemment une étude, très détaillée, très chiffrées qui dit voilà il y a plusieurs scénarios, mais on peut sortir du nucléaire’. Mais pour qu’on puisse le faire, il faut très très vite le confirmer, et commencer les investissements dans l’énergie alternative, et donc de nouveau c’est une question de choix politique. Qui fâche-t-on? Qui sont les lobbies derrière la N-VA ou certains au MR qui disent non, non, il faut continuer avec le nucléaire’? En fait, ça rapporte beaucoup d’argent à des grosses sociétés le nucléaire. Voilà la aussi une vision du monde, ce n’est pas seulement comment produisons-nous l’énergie’, c’est une vision du monde par rapport à l’économie. Veut-on que quelques très grosses sociétés produisent l’essentiel de l’électricité ou est-ce qu’on veut un monde où plein de petits acteurs, de PME, de coopératives, de citoyens, produisent aussi de l’énergie et participent au développement économique? Tout en gardant les revenus sur notre territoire. Ce sont deux visions politiques différentes, mais ce qui est certain, c’est que certaines personnes, à la N-VA sûrement et au MR peut-être, se disent que si on retarde la sortie du nucléaire, ça sera devenu impossible de sortir du nucléaire, on sera obligé de contre-critique, émise par Charles Michel, pointait le manque de prévision au moment du dossier sur les panneaux photovoltaïques. Une critique récurrente contre Ecolo…C’est à chaque fois ce que tout le monde ressort parce que les adversaires d’Ecolo savent que ça nous fait mal. De façon injuste d’ailleurs, parce qu’il faut toujours le rappeler, on avait un système de soutien au renouvelable qui était maîtrisé, qui anticipait correctement les choses pour développer la filière. Mais à un moment donné, certains, en l’occurrence dans un gouvernement sans Ecolo, ont dit ah, nous allons faire du marketing, et booster le soutien au photovoltaïque » …. Cela a mené à ce que cela coûte très cher à la société, en faveur de ceux qui avaient décidé d’installer des une mauvaise gestion, qui n’est pas écologiste, mais que l’on nous a attribuée. Il ne faut plus faire ça. Il faut évidemment soutenir les choses de façon cohérente. Mais rappelons-nous que par kilowattheure, quand on est dans le renouvelable, on a quatre fois plus d’emplois créés, que quand on est dans le fossile, le pétrole, le charbon ou le nucléaire. Donc même quand parfois ça coûte un peu plus cher à l’investissement, c’est beaucoup plus intéressant pour notre économie, beaucoup plus intéressant pour notre environnement, et à terme, dans dix ou quinze ans, quand l’investissement est amorti, c’est gratos le soleil, c’est gratos le vent, c’est gratuit la biomasse ou la géothermie! Donc il faut oser investir aujourd’hui pour avoir vraiment une société beaucoup plus autonome et 2019, sont deux années électorales, quels sont les objectifs d’Ecolo?Je souhaite d’abord que soit l’occasion de vrais moments démocratiques. Ça veut dire des débats démocratiques. Quelle société veut-on? Quel choix fait-on? Comment on avance dans cette direction? Mais aussi de la participation. Si on veut, en 2018, des communes qui avancent, eh bien il faut des citoyens qui s’engagent. Des hommes et des femmes qui disent je suis prêt à y aller’. Avec Ecolo, dans le meilleur des cas, mais aussi avec d’autres, sur des listes d’autres partis, sur des listes citoyennes …. Je ne vais pas seulement râler contre tous ces politiciens qui ne font pas correctement le travail, je vais y aller’, on a besoin de citoyens qui s’engagent et de mandataires qui se renouvellent. On a besoin de jeunes qui s’engagent. De femmes qui s’engagent davantage, des gens de toutes origines. Et qu’à un moment donné, le bourgmestre qui est là depuis 45 ans, bon sang, qu’il soit bon ou mauvais, qu’il laisse la place aux c’est vrai que j’aimerais qu’il y ait plus d’élus écologistes, dans les communes et dans les futurs gouvernements, parce qu’il est temps de passer du discours aux actes. Pour plus de justice sociale et pour réconcilier nos activités avec la une alliance de la gauche avec le PS et le PTB?À cette heure-ci, toutes les alliances sont possibles. On nous pose toujours la question, mais la question c’est est-il possible d’avoir une alliance politique sur les enjeux écologistes qui sont au cœur du XXIe siècle? Donc moi, je suis toujours embêté qu’on me demande à chaque fois la même chose. Moi je préfère dire à d’autres partis, en tant que coprésident d’Ecolo Est-ce que vous êtes prêts à faire des alliances, des compromis avec les écologistes, pour amener la société vers plus de respect de l’environnement et plus de justice sociale?’. Et donc le pivot pour moi, le cœur de l’action politique, ça doit être l’écologie politique. Et on verra bien qui est prêt à nous rejoindre là

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